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septembre 10, 2021 by Sydney Avitia Jacques

Étude sur l’économie politique du SMWC

Résumé abrégé

Le Southern Maine Workers’ Center s’est engagé à donner la priorité à la classe ouvrière et aux pauvres dans toutes ses activités. Nous avons entrepris cette étude d’économie politique pour aider à prioriser nos efforts alors que nous continuons à construire un mouvement stratégique et transformateur vers la justice raciale, économique, ouvrière et de genre.

L’économie politique consiste à examiner la manière dont la société produit des biens et des services ; à se demander : que produit-on, comment échangeons-nous les biens et les services, et comment ces systèmes sont liés aux structures et aux mesures politiques, à la culture et à l’idéologie ? Tout cela est important car, dans nos conditions actuelles, les « biens et services » incluent les droits de l’homme tels que la nourriture, l’eau, le logement et les soins de santé. L’économie politique concerne la manière dont nos droits humains sont distribués et contrôlés. L’économie politique prend également en compte l’impact de l’économie sur les personnes, en particulier l’impact différentiel selon la race, la classe et le genre, et ce que cela signifie pour les Noir·es, les Premières Nations, les pauvres et les travailleurs·euses racisé·es, soit les personnes qui font l’expérience de l’oppression systémique.

Les principaux concepts qui ont guidé nos recherches sont le capitalisme, l’impérialisme occidental, le patriarcat capitaliste, la suprématie blanche, le néolibéralisme, le capitalisme monopoliste racial et le capitalisme en crise. Notre recherche a commencé par une analyse de ces forces à l’échelle mondiale, puis à un niveau national et enfin local, en prenant note des modèles qui se répètent à ces différentes échelles. 

À un niveau mondial, les forces principales que nous avons observées sont les changements climatiques, le militarisme et la colonisation, la financiarisation et la montée de l’extrême-droite. Partout dans le monde, les tempêtes et les catastrophes naturelles sont plus longues et plus fortes en raison du changement climatique (poème The end of the end of us, par Mia Dyson). La crise climatique engendre la pénurie, l’augmentation des prix et l’expulsion des communautés racisées et celles à faibles revenus de leurs milieux de vie. Pour faire face à cette crise, les travailleurs·euses doivent mener une Transition juste vers la justice environnementale et s’éloigner des industries polluantes telle que l’armée américaine, qui est le plus grand émetteur d’émissions de carbone au monde. Le militarisme et la poursuite d’empires dans le monde entier exploitent et détruisent les ressources naturelles et humaines. Aux États-Unis, le militarisme et le capitalisme se renforcent mutuellement. C’est ce que l’on appelle parfois le complexe militaro-industriel (CMI), une « alliance informelle entre l’armée d’une nation et l’industrie de la défense qui la fournit, considérées ensemble comme un intérêt direct qui influence la politique publique ». Le statut actuel des États-Unis en tant que puissance économique mondiale a commencé pendant la Première Guerre mondiale, poursuivant un désir d’influencer l’économie mondiale. Les États-Unis ont soutenu des dictatures néfastes qui ont écrasé des peuples indigènes au Nicaragua, au Salvador et ailleurs. Les mouvements autochtones du monde entier dispute la violence des États militaires en contestant leur légitimité sur leurs terres volées.

Par Aster, 2021.

Le militarisme et la crise climatique se renforcent mutuellement en détruisant les ressources et en créant la pénurie. Par conséquent, les déplacements forcés de réfugié·es et de demandeurs·euses d’asile ont atteint des proportions jamais vues auparavant.  Avec le recul, il est clair que le gouvernement américain a utilisé des arguments invraisemblables mais largement acceptés concernant la sécurité nationale et la protection du « libre marché » pour justifier « les coups d’État militaires, le pillage opéré par les multinationales et la sape néolibérale des ressources ». Cela a provoqué « la pauvreté, l’instabilité et la violence qui poussent aujourd’hui les gens du Guatemala, du Salvador et du Honduras vers le Mexique et les États-Unis ». Aujourd’hui, « le monde est aux prises avec des politiques draconiennes de séparation et de détention des familles, un mépris dramatique des droits des réfugié·es et des migrant·es, un manque étonnant de compassion pour les personnes fuyant la violence et les conflits, et une pandémie mondiale qui a révélé des disparités raciales dramatiques et dévasté les communautés noires et les personnes racisées au niveau international ». (Black Alliance for Just Immigration).

L’économie se définit par les biens et les services que les humains s’échangent pour vivre… mais l’« économie réelle » est menacée par l’ « économie financière », qui réalise des profits démesurés au bénéfice de l’élite mondiale en jouant sur le marché avec des besoins fondamentaux comme l’eau, le logement et le pétrole. Le secteur financier a acquis un pouvoir dominant lors de la crise financière des années 1970, qui a marqué le début du néolibéralisme. Lorsque les travailleurs·euses industriel·les américain·es ont commencé à s’organiser pour récupérer le produit de leur travail, les capitalistes ont stimulé les discours racistes pour étouffer ces efforts. Le capitalisme monopoliste racial s’appuie sur des idées suprématistes blanches et sur une classe ouvrière divisée pour justifier les dommages mondiaux qu’il cause.

Le capitalisme racial, l’impérialisme et d’autres forces mondiales ont façonné l’histoire des États-Unis. L’esclavage, le racisme institutionnel, le classisme et le colonialisme ont tous joué un rôle important dans l’émergence du capitalisme aux États-Unis. Ces forces ont nourri l’extrême-droite. Aujourd’hui, de nombreux groupes d’extrême-droite diffusent leur idéologie haineuse sous couvert de patriotisme et de fierté. Nous devons être vigilant·es quant à la véritable nature des politicien·nes qui prétendent avoir nos intérêts à cœur, et lutter nous-mêmes pour nos intérêts.

Le mouvement Black Lives Matter a débuté aux États-Unis en 2013, alimenté par des soulèvements suite aux meurtres de Noir·es aux mains de la police. Dans de nombreuses villes, la moitié du budget est consacrée au maintien de l’ordre tandis que des miettes sont allouées pour les services sociaux essentiels. Beaucoup font remonter cette situation à l’histoire de la police comme outil au service des propriétaires blancs et à la brutalisation des Noir·es américain·es et des autres personnes racisées. BLM et d’autres mouvements soulignent que les États-Unis n’ont jamais été une véritable démocratie. La suppression des votes et la polarisation politique ont empêché toutes nos voix d’être entendues de manière significative et efficace.

« Panneau 1 » par Emily Simons, 2019. SMWC Projet Cantastoria.

On commence à comprendre pourquoi tant d’entre nous sommes insatisfait·es du système de santé américain. Aux États-Unis, les soins de santé sont liés à la productivité, l’hypothèse idéologique selon laquelle la valeur d’une personne est égale à sa contribution au système. Pour cette raison, le système de santé américain est largement basé sur l’emploi et vise à s’assurer que les gens sont en assez bonne santé pour travailler. La COVID-19 a exacerbé cette situation, puisque plus de 5,4 millions de personnes ont perdu leur assurance-maladie entre février et mai 2020. Ces mêmes dynamiques sous-jacentes sont en jeu dans le déploiement inéquitable du vaccin contre la COVID-19 à l’échelle mondiale. L’élite mondiale utilise les droits de brevet pour donner la priorité aux industries de l’assurance, et les grandes compagnies pharmaceutiques et médicales plutôt que de protéger la vie des gens.

Les organismes sans but lucratif (OSBL) sont souvent dépeints comme étant plus altruistes. Mais en réalité, les OSBL permettent des évasions fiscales aux riches, relayent le discours de la classe dirigeante, tandis que leurs organisateurs·trices sont mis·es sous surveillance. Les OSBL peuvent être des vecteurs efficaces de changement, mais la pression des fondations et de l’État peut les pousser à compromettre leur mission.

Le logement est une autre industrie américaine qui est mise à mal par la recherche du profit. Le capital financier mondial présente la gentrification comme un développement et un progrès, ce qui profite aux riches et pousse les résidents locaux de longue date à partir. La question du logement abordable est une question de distribution et non d’offre. Comme pour toutes les autres facettes de la société américaine, le problème est idéologique et non matériel. Le logement abordable doit être présenté comme un droit humain. Les solutions ne peuvent que venir de nos initiatives, car les politicien·nes ont été complices depuis le tout début de la fabrication du problème. 

« New Americana » par Elyse Grams, 2020. Point de croix, applique.

Depuis que les États-Unis sont devenus une nation, la colonisation et la suprématie blanche ont contrôlé le logement, la terre et les ressources naturelles. Dans l’ère moderne « post-raciale », ces vols ont été normalisés. Alors que les communautés autochtones exigent la restitution de leurs terres, les réformistes blancs pensent qu’il suffit d’ouvrir leurs réunions avec une reconnaissance performatives des territoires autochtones. L’objectif du gouvernement américain de détruire la souveraineté et le bien-être des Premières Nations a été largement ignoré par le grand public américain.

L’échec de la démocratie aux États-Unis a conduit à ce que les soins de santé, les organismes sans but lucratif, le logement, etc. deviennent des industries à but lucratif. Même le système éducatif fonctionne comme une entreprise, aux dépens des étudiant·es et des enseignant·es. Le système éducatif américain est devenu plus privé, plus cher et plus favorable aux intérêts des entreprises. L’accent mis sur les compétences mémorisables et commercialisables se fait au détriment du courage intellectuel, de la pensée critique et des études sociales. C’est pourquoi notre travail pour nous éduquer nous-mêmes et les uns les autres sur ce qui se passe dans notre monde est si important – surtout si l’éducation s’ancre tout d’abord à un niveau local… 

Ici, au Maine, les travailleurs·euses connaissent très bien les forces qui font passer le profit avant les gens et notre environnement. Les Premières Nations ont depuis longtemps vécu en harmonie avec la nature et ont une relation durable avec la terre. Malgré cela, le gouvernement du Maine a refusé aux quatre tribus de la confédération Wabanaki le contrôle des ressources naturelles du territoire. Les Wabanakis ont survécu à des pratiques violentes sous la tutelle des services de protection de l’enfance, à la séparation des familles, au génocide physique et culturel, et continuent de se battre pour la santé de leur peuple et de la terre. Un pourcentage massif de territoires au Maine est la propriété privée d’un petit nombre de personnes parmi les plus riches du monde. L’accent mis sur l’extraction de combustibles fossiles, la fabrication de papier, la coupe de bois et d’autres pratiques industrielles ont contaminé l’air et l’eau potable à la grandeur de l’État. 

Lorsque la politique économique américaine a permis aux riches de faire des affaires à moindre coût dans le Sud mondialisé, des communautés entières du Maine ont perdu leurs emplois dans le secteur manufacturier. L’économie du tourisme a pris sa place. Les travailleurs·euses de l’économie des services touristiques sont souvent mal rémunéré·es, et si le tourisme estival diminue (comme ce fut le cas pendant la pandémie), les travailleurs·euses se retrouvent avec très peu de ressources. Le Maine Center for Economic Policy rapporte que « des dizaines de milliers de Mainers ont perdu leur travail pendant la pandémie ». La pénurie de logements abordables a frappé les travailleurs·euses de plein fouet. L’embourgeoisement et les AirBnB continuent de faire grimper les loyers, malgré le fait que 25 % des logements du Maine sont vacants. 

Les travailleurs·euses du Maine ont fait preuve d’une incroyable résilience face à ces obstacles. Seuls 17 % des travailleurs·euses sont représenté·es par un syndicat, mais rien qu’en 2020, 13 000 personnes se sont syndicalisées, portant le taux de syndicalisation du Maine à son plus haut niveau depuis 20 ans. Cela inclut les infirmières autorisées de Maine Health, le plus grand employeur de l’État !

« Panneau 5 » par Emily Simons, 2019. Projet SMWC Cantastoria.

D’innombrables personnes (notamment les membres du Workers Center et les gens nos communautés), des sites web, des articles de journaux, des reportages, des vidéos et des livres ont rendu cette recherche possible. Les résultats de ces recherches ont permis de définir les priorités d’action du SMWC. Si l’un de ces sujets vous interpelle, consultez notre méga-résumé d’économie politique et une liste complète de nos sources, bientôt disponibles sur https://maineworkers.org/our-work/political-education-committee/.

Pour avoir une vue d’ensemble de l’économie politique et de son importance, nous vous recommandons de lire notre résumé complet ainsi que ces sources clés :

  1. Out to Win! Notes on the Road to 21st Century Socialism. Volume 1, February 2019. Une publication de LeftRoots.
  2. Towards Land, Work, & Power écrit par Jaron Browne, Marisa Franco, Jason Negron-Gonzalez et Steve Williams. Copyright 2005 par l’Amandla Project of People Organized to Win Employment Rights (POWER). 
  3. Grassroots Global Justice pour ses analyses sur les mouvements de base féministes, la démilitarisation et plus. Par exemple, The Global 1% and Their Private Army, 2012
  4. Just Transition: A Framework for Change du Climate Justice Alliance
  5. Little Red School, Unit 3 Teaser: Robin Hood Theory présenté par LeftRoots
  6. “Documented Not to Work,” Ruthie Gilmore. Critical Resistance 1997 Organizing Collective